Dans les torrents d’eau froide du Kalimantan, en Indonésie, vit un animal aussi rare qu’incroyable : la grenouille à tête plate de Bornéo. Il aura fallu 30 ans aux scientifiques pour percer à jour son secret : elle est la seule grenouille au monde à respirer sans poumons !
C’est en 1978 que cette grenouille plate de 60 mm, est observée et décrite pour la première fois. Ce spécimen est alors l’unique représentant de son espèce, nommée Barbourula kalimantanensis. Un second individu est capturé en 1995, mais est jugé trop précieux pour être disséqué. Ce n’est qu’en 2008 qu’une expédition scientifique capture plusieurs grenouilles et les étudie. Après dissection de plusieurs d’entre elles, l’équipe de chercheurs fait une incroyable découverte : l’espèce est dépourvue de poumons, et respire donc uniquement par l’intermédiaire de sa peau.
La peau sous les eaux
La respiration cutanée n’est pas rare chez les grenouilles. Dans la majorité des cas, elle complète la respiration pulmonaire. Ce processus de respiration est permis par leur peau très perméable et recouverte de mucus, qui approvisionne directement les muscles de l’animal en oxygène.
Barbourula kalimantanensis est, elle, encore un cran au-dessus. Elle est la seule grenouille connue dont la respiration est intégralement assurée par sa peau. Selon les scientifiques, cette évolution est permise par l’habitat de l’amphibien : les eaux froides et limpides des forêts tropicales. Des eaux naturellement très riches en oxygène, qui ont permis à l’animal de se passer de ses poumons.
Mucus : sécrétion visqueuse
Un habitat en asphyxie
Mais ce milieu est aussi de plus en plus rare. L’île de Bornéo est d’ailleurs tristement célèbre pour la déforestation qui la ronge. Pour la grenouille à tête plate de Bornéo et son habitat, le problème vient aussi de l’exploitation minière.
« En août 2007, nous avions constaté que l’exploitation illégale d’or avait détruit tous les habitats convenables. Les rivières à l’origine fraîches, claires et rapides sont maintenant chaudes et troubles » relèvent les scientifiques dans leur rapport.
« La préservation de cette énigme de l’évolution et de son habitat est une priorité » David Bickford.
Classée « en danger » sur la liste rouge de l’UICN, cette grenouille est très dépendante de son environnement. Sa destruction implique à terme, la disparition de cette espèce si singulière.
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